17 janvier 2011

Maus


Il y a une semaine, je vous parlais d'Histoire avec un article sur Persepolis.
Aujourd'hui, je vais de nouveau vous parler à la fois bande dessinée et Histoire à travers l'œuvre :


Maus de Art Spiegelman



Art Spiegelman
Éditions Flammarion








La piste de l'œuvre :

Quatrième de couverture
Maus raconte la vie de Vladek Spiegelman, rescapé juif des camps nazis, et de son fils, auteur de bandes dessinées, qui cherche un terrain de réconciliation avec son père, sa terrifiante histoire et l'Histoire. Des portes d'Auschwitz aux trottoirs de New York se déroule en deux temps (les années 30 et les années 70) le récit d'une double survie : celle du père, mais aussi celle du fils, qui se débat pour survivre au survivant. Ici, les Nazis sont des chats et les Juifs des souris.

Commençons par une chose simple : Maus (souris, en allemand), c'est une BD sur la seconde guerre mondiale. Pour être plus honnête, ce n'est pas que cela. Il s'agit plus précisément du récit de la seconde guerre mondiale telle que l'a vécu Vladek Spiegelman, juif polonais, survivant des ghettos et d'Auschwitz. Cependant, c'est aussi l'histoire d'un fils qui cherche son père à travers ce dialogue, à travers ces souvenirs. C'est enfin l'histoire d'un homme hanté par cette période... Maus, c'est plusieurs récits en un seul témoignage dans lequel les souris survivent comme elles peuvent face à la colère et à la faim du chat...

Maus a reçu le prix Pulitzer en 1992 et a été traduite en dix-huit langues. Un grand succès donc... :) 


Mes pérégrinations :
Cela fait déjà un long moment que j'ai lu cette bande-dessinée (enfin, "long", tout est relatif...), l'article traine depuis plus de deux mois dans les fins fonds de ce blog et plus le temps passait et plus j'hésitais à le ressortir. Honnêtement, il aurait été dommage de ne pas en parler. Maus est une grande œuvre, par sa mise en scène, par sa façon de relater une partie de l'Histoire que nous connaissons par cœur (enfin, là je m'engage un peu peut-être...) et par les émotions distillées au fur et à mesure des pages.

  • Des animaux...
Art Spiegelman a choisit de représenter les différents personnages sous la forme d'animaux... Les juifs sont des souris, les nazis des chats, les américains sont des chiens, les polonais sont des cochons... et les français endossent bien aisément leur costume de "frog". Faire une analogie avec notre célèbre Jean de La Fontaine et ses diverses fables mettant en scène des animaux semble assez logique, même si j'ignore si la référence en est réellement une.
Au delà, utiliser des animaux permet d'éloigner le récit du simple point de vue "individuel". Ce n'est plus seulement le récit de Vladek, c'est l'Histoire de tous les juifs par exemple. Cela permet aussi de prendre un certain recul vis à vis des situations; moins frappé, sans doute, par l'exécution d'une souris que par celle d'un être humain, le lecteur peut ainsi progresser dans le recit sans se heurter à la violence des images.

  • L'histoire d'un père et d'un fils...
 
Dans Maus, l'auteur retranscrit l'histoire de son père, sa vie en Pologne, ses petites magouilles pour échapper aux chats et avoir de la nourriture, Auschwitz, les trains de déportés... l'angoisse omniprésente, oppressante et insoutenable...
A travers l'histoire qu'écoute Art, se dévoile la barrière du "on ne peut comprendre que lorsqu'on le vit"; Art et Vladek sont souvent en opposition, ils ne se comprennent que difficilement...

"Pourquoi Vladek est-il aussi acariâtre et bougon?"  - se demande le fils.
"Pourquoi veut-il tant entendre un récit emplit de souffrance, de doutes et de peur?" - se demande le père.  

Maus aurait pu être "juste" un témoignage de plus sur une période sombre et je ne l'aurais peut-être pas autant apprécié si cette œuvre s'était arrêtée à ça. J'ai été très touchée par la relation entre le père et le fils qui donne vraiment une toute autre dimension à l'histoire. Il en est de même pour la relation du père avec sa compagne... Elles permettent de réfléchir sur "l'après" : comment vit-on après avoir vu et survécu? C'est un moyen très efficace de comprendre l'ampleur de ce qui s'est passé.




Maus est une grande œuvre que je vous conseille fortement, que vous aimiez la BD ou non... Simplement  parce que c'est une BD qui parle de l'holocauste de manière simple et franche et à travers laquelle l'auteur a fait transiter des sentiments forts. C'est un très bon support pour en parler à ceux qui ne savent pas; je pense particulièrement aux cours d'Histoire, trop souvent rébarbatifs et dans lesquels une nouvelle façon d'aborder la chose peut parfois être utile. C'est d'ailleurs une œuvre qui peut permettre d'aborder ce sujet avec un public plus jeune, contrairement aux films que beaucoup d'entre nous ont vu, dans lesquels on observe l'horreur droit dans les yeux lors de la découverte des camps de concentration...

Petite planche bonus

4 commentaires:

  1. Elle est très bien écrite ta critique... Ça doit faire des années que je suis attirée par cette BD, mais je ne m'y suis jamais mise... Je crois que tu m'as bien motivée à la lire !

    RépondreSupprimer
  2. Merci à toi :)
    J'espère que tu arriveras à te lancer et que tu aimeras. ^_^

    RépondreSupprimer
  3. Cette BD est vraiment bouleversante, surtout le tome 2 je trouve...
    J'aime beaucoup le fait qu'il ne se contente pas de parler uniquement de la guerre mais parle aussi de l'après guerre et de la façon dont son père est marqué à vie. C'est quelque chose que je vois et lis rarement.

    RépondreSupprimer
  4. Oui l'après guerre prends une place importante et c'est bien cela que j'ai, comme toi, trouvé intéressant. La relation père fils est boulversante

    RépondreSupprimer